Un diagnostic partagé, outil de la réforme des rythmes

La question qui se pose aux différents acteurs concernés par la refondation de l’école, c’est comment procéder ? Et même, par quoi commencer ?

Réunions d’information, de concertation, mises en place expérimentales… Diverses solutions ont été envisagées par toutes les collectivités, même si les situations peuvent être très contrastées de l’une à l’autre, chaque territoire ayant ses particularités.

La Ligue de l’enseignement Val d’Oise  a  réfléchi aux préalables nécessaires à ce travail de mise en place de la réforme des rythmes. Pour nourrir nos réflexions nous sommes partis de notre propre expérience du terrain. Nous accompagnons en effet les politiques éducatives territoriales depuis de nombreuses années. Cela a notamment été le cas lors de la mise en place des projets éducatifs locaux mais aussi à l’occasion du lancement des programmes de réussite éducative. A ces occasions, nous avons travaillé à créer les conditions de la construction collective d’un projet, en utilisant  un outil essentiel : le diagnostic partagé.

Cet outil offre l’opportunité de dresser un état des ressources du territoire,  dans la dimension d’enquête de terrain. Ces ressources sont parfois méconnues ou non-identifiées comme telles. C’est aussi l’outil adéquat pour un état des lieux, et ainsi identifier les absences ou les points de blocages qui peuvent apparaître lors la mise en place d’une action de ce type. Si, en tant que mouvement d’éducation populaire, notre projet est globalement tourné vers l’éducation, nos actions doivent également être empruntes de nos valeurs en termes de vie démocratique. Ainsi, pour accompagner nos partenaires, l’idée d’une démarche participative nous parait particulièrement adaptée, avec pour première étape  le diagnostic de territoire, auquel est associé un temps de concertation permettant le dialogue entre les acteurs locaux sur les bases de cette enquête de terrain.

Mettre les acteurs autour d’une table, les faire échanger en ayant un niveau d’information équivalent, partir d’indicateurs concrets pour mener ces échanges… Autant d’éléments qui font que le diagnostic partagé nous semble une entrée à ne pas négliger pour mener ce travail de transformation des pratiques éducatives, lié à la réforme des rythmes.

L’utilité de cette démarche n’est plus à prouver. A titre d’exemple, certaines expérimentations de ce type lancées  il y a de plusieurs années, servent encore aujourd’hui de base de travail. C’est le cas à Villiers le Bel où la Ligue de l’enseignement avait accompagné la ville dans la mise en place du PEL, grâce à un diagnostic partagé (voir interview de D.Brubach ci-dessous). Les contraintes budgétaires sont fortes aujourd’hui et les difficultés à financer une telle réforme paraissent importantes. Malgré tout, les arbitrages pour la mise en place de cette réforme, doivent se faire en connaissance de cause. C’est pourquoi nous avons choisit de partager nos réflexions, et notre savoir-faire concernant cet outil qu’est le diagnostic partagé.

 

Interview de Dominique Brubach, directrice de la mission Jeunesse de Villiers-le-Bel

Dominique Brubach était en charge de la mise en place du Projet Educatif Local à sa création sur Villiers-le-Bel. Elle a, dans ce cadre, fait appel à la Ligue de l’enseignement du Val d’Oise pour élaborer un diagnostic partagé qui avait pour but de poser les bases de cette démarche. Elle nous parle de ce travail.

« Au regard de sa population jeune importante, c’est davantage par l’entrée « éducation » que la ville positionne sa réflexion sur sa politique « enfance /jeunesse » .

C’est pourquoi,  en 2005,  les élus ont souhaité mettre en place un outil spécifique porté par tous : le Projet Educatif Local. L’idée étant d’avoir un outil au service de la politique enfance/jeunesse qui permettait une cohérence dans l’approche éducative. Le processus de construction d’un tel projet devait à notre sens inclure un diagnostic. Mais nous avions besoin d’un tiers extérieur pour le mener, c’est pourquoi nous avons fait appel à la Ligue. Dans un premier temps, il s’est agit de collecter les éléments permettant d’avoir une « photographie » détaillée du territoire beauvillésois, tant sur les chiffres (démographiques, sociaux-économiques, scolaires, …) que sur des synergies qui existaient déjà (réseaux de partenaires éducatifs, groupes de travail thématiques…). Cette base de travail a ensuite été utilisée lors d’échanges en groupe focus dont la composition avait également été travaillée pour faciliter la circulation de la parole. La Ligue a pour cela utilisé une méthodologie de concertation qui a permis de faire état des points qui faisaient débat mais aussi des points qui rassemblaient tous les acteurs. La troisième étape consistait à analyser toutes ces données pour rédiger ce qui serait notre PEL.

Cette démarche qui a posé les bases de notre action, reste l’appui principal pour la conduite de nos actions et les évolutions nécessaires à notre politique éducative. A titre d’exemple, lors de la mise en place du programme de réussite éducative sur la ville, nous sommes largement inspirés du diagnostic PEL, pour définir nos axes de travail. C’est également un outil que j’utilise pour présenter nos actions à des partenaires, puisqu’il amène de la clarté dans notre approche des projets enfance/jeunesse.

Aujourd’hui, nous travaillons sur une évaluation de notre PEL en reprenant l’esprit lié aux groupes de travail (groupe focus) et à la méthodologie de concertation. L’idée étant pour nous, au sortir de ce travail de bilan, de repartir sur une nouvelle ligne directrice pour les années qui arrivent. Et créer d’autres ponts, notamment celui entre Pel et PEDT (projet éducatif de territoire). »

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