Catherine Von Dahle et Brice Errandonea – Canton d’Ermont

Nous tenons d’abord à dire que nous sommes bien conscients que les syndicats et les associations à l’origine de ce questionnaire sont aussi celles et ceux dont la réflexion est la plus aboutie sur tous les sujets qu’il aborde. Nous serons donc toujours à l’écoute de leurs propres réponses à ces questions et nous prendrons conseil auprès d’eux dans notre action d’élus.

1- Quelle école voulons-nous pour demain ?

Une école mixte

Nous augmenterons la prise en charge par le département du coût des transports scolaires. Nous rétablirons les bourses aux lycéens et étudiants qui ont été supprimées récemment et nous augmenterons leur nombre si possible.

La carte scolaire doit bien sûr être respectée mais la mixité scolaire suppose aussi la mixité des quartiers et donc, par exemple, le respect des lois sur le taux de logements sociaux dans chaque commune.

En tant que Conseillers départementaux nous agirons donc pour que le Conseil départemental accompagne les villes dans leurs efforts de construction de logements et distribue ses aides au prorata du respect de la Loi Duflot par les communes. Nous entendons, en particulier, lutter contre les logements vides.

Nous agirons contre la réforme proposée par le ministère qui est une nouvelle étape du processus de territorialisation du service public d’éducation puisqu’au gré de chaque situation locale, les collégiens se verront proposer des horaires et des contenus différents. Après la désastreuse contre-réforme de l’éducation prioritaire, c’est un pas de plus vers l’aggravation des inégalités entre établissements.

Une école laïque

Le manque de moyens dont dispose l’enseignement public encourage de nombreuses familles à le quitter pour se tourner vers des établissements privés, souvent religieux. Défendre la laïcité, c’est défendre l’école publique et lui donner les moyens de remplir ses missions éducatives. En tant que conseillers départementaux, nous veillerons notamment à ce que les collèges qui en ont besoin soient rénovés.

La laïcité c’est la mise à l’écart des élèves de tous les prosélytismes, qu’ils soient religieux ou marchands. Mme Vallaud Belkacem peut continuer à faire des phrases, dans le même temps elle organise la semaine « école-entreprise » en collaboration avec le MEDEF, son prédécesseur a créé le Conseil national éducation-économie pour « préparer les jeunes à l’entreprise », la réforme des rythmes scolaire permet l’entrée du secteur privé à l’école… Nous défendrons la laïcité en acte et dans toute son acceptation. Clercs et marchands, loin de nos enfants !

Pour défendre la laïcité, c’est avec le régime concordataire qu’il faut rompre. C’est sur la loi Debré, organisant le financement public de l’école privé, qu’il faut revenir. C’est la loi Carle, qui coûte chaque année 500 millions d’euros aux communes, qu’il faut abroger. Fonds publics à l’école publique, fonds privés à l’école privé. Surtout, l’État doit garantir l’accès au service public de l’éducation.

Une école émancipatrice

Apprendre la citoyenneté aux jeunes, ce n’est pas seulement leur faire la morale. C’est d’abord les aider à mettre en œuvre leurs projets en tous genres et à participer aux décisions sur les sujets qui les concernent. Enfin, il est essentiel de montrer aux jeunes comme à l’ensemble des citoyens que les décisions prises collectivement, par le suffrage universel, par exemple, ont réellement un impact sur leur vie quotidienne. Ce dont il est, hélas, légitime de douter quand on voit les partis qui alternent au pouvoir mener toujours la même politique.

2- L’égalité d’accès au système éducatif public

La gratuité

La gratuité est un élément fondateur de l’égalité. Le principe de gratuité est essentiel. Cela devrait se traduire par une amélioration des conditions d’accès, d’accueil et d’accompagnement des élèves issus des familles en difficulté : gratuité des transports scolaires, application de tarifs différenciés allant jusqu’à la gratuité de la cantine scolaire, accompagnement spécifique des élèves ayant des difficultés à travailler à la maison. Elle doit donc être réelle et l’ensemble des fournitures doivent être prises en charge par la collectivité. Cela suppose des budgets départementaux conséquents que l’Etat doit garantir pour qu’il n’y ait pas d’inégalités territoriales entres les Départements riches et les départements moins aisés.

Nous demanderons  le financement par le Conseil général du Pass Navigo et son paiement au prorata des mois d’utilisation.

En tant que Conseillers départementaux nous demanderons le retour vers la formule initiale de Rest’o Collège qui permettait une participation plus large des élèves et ne faisait pas peser sur les familles moins en difficulté les tarifs plus favorables des autres élèves. Ce n’est pas aux familles de prendre en charge ce sujet mais à la collectivité car elle seule permet une assiette élargie à l’ensemble de la population du Val d’Oise.

 Scolarité et Handicap

Les élèves handicapés sont avant tout des élèves à part entière. Ils doivent être accueillis et suivis dans des conditions qui leurs permettent d’étudier le mieux possible. Lorsqu’elle est possible et souhaitée, la scolarisation des élèves en milieu ordinaire est essentielle pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres élèves qui s’ouvrent ainsi sur la différence. L’accessibilité doit faire l’objet d’un plan départemental et pluriannuel de réhabilitation des établissements et des équipements.

Les établissements scolaires doivent être accessibles à tous. Au sens propre, avec la généralisation des rampes d’accès pour fauteuils roulants et des ascenseurs. Mais aussi grâce à l’embauche d’auxiliaires de vie scolaire en nombre suffisant. L’Etat ne pouvant pas se soustraire à ses propres lois, l’existence de lois imposant ces dispositifs sera utilisée par le département pour revendiquer auprès de l’Etat les moyens de les respecter.

Il faut aussi aider à créer les structures dont nous avons besoin pour répondre au cas qui sont plus lourds. Il n’est pas normal que les parents soient obligés de trouver des solutions à l’étranger comme en Belgique.

Si le Conseil Départemental dispose pleinement des leviers pour adapter les établissements, pour la mise en accessibilité du cadre d’accueil des élèves handicapés, les professionnels encadrants sont essentiels pour accompagner les élèves et seconder les enseignants, qui ne sont pas forcément disponibles pour les cas particuliers.

Education Prioritaire

Nous sommes favorables à la mise en place d’une politique différenciée afin de résorber les inégalités. Aussi le Conseil Départemental doit s’impliquer davantage, en lien avec les communes et avec l’ensemble des partenaires de la communauté éducative, dans la constitution de cette carte de l’éducation prioritaire, et plus généralement dans la définition de la carte scolaire.

Le Conseil Départemental n’a pas le pouvoir de modifier la carte scolaire décidée par l’Etat. Mais il peut alerter celui-ci et lui proposer un découpage plus pertinent. Ce problème montre encore  l’importance de renforcer la mixité sociale dans chacun de nos quartiers.

Soutien Scolaire

Les sociétés commerciales de soutien scolaires sont réservées aux familles qui ont les moyens d’y inscrire leurs enfants : cette solution est antidémocratique et ne fait la plupart du temps qu’accroître les inégalités et les stigmatisations. C’est à l’Education Nationale d’organiser le soutien scolaire, en ciblant elle-même les élèves qui en ont besoin. D’autant qu’il est induit par les textes qui stipulent que la répartition des moyens du service public de l’éducation doit tenir compte des différences de situation, notamment en matière économique et sociale.

3- La Vie scolaire

La restauration scolaire

Le service de restauration scolaire doit être un service public intégré de l’Education Nationale. L’alimentation industrielle engendre un problème de santé public à long terme, une mal nutrition des élèves et un grand gâchis de denrées.

Nous proposons de favoriser les circuits courts d’acheminement des denrées, les fournisseurs en bio, ainsi que la préparation des repas effectuée sur place par des cuisiniers professionnels : en résumé une relocalisation à échelle raisonnée.

Il n’est pas normal que la nourriture produite dans le Vexin transite par Rungis avant de revenir dans nos cantines.

La convivialité paut s’apprendre par un contact réel entre les professionnels qui préparent et servent les repas et les élèves. Mettre en place une proximité humaine en opposition à l’industrialisation de l’alimentation. Le temps de restauration avec tous les élèves doit être respecté et les conditions de restauration doivent être améliorées : insonorisation des salles de restauration, mobilier, agencement des salles, …

Enfin il faut veiller à ce que les emplois du temps permettent que ce temps de restauration soit respecté.

 L’orientation : Quelle est votre point de vue sur l’utilité des CIO ?

Les CIO jouent un rôle essentiel. Il est de ce point de vue inadmissible de constater que des CIO soient aujourd’hui supprimés au nom d’une soi-disant « réorganisation spatiale » ; il s’agit plutôt d’une recherche d’économies effectuée sur le dos des élèves ! Les élèves et leurs parents ont besoin de jalons. Une nouvelle fois, ce sont les jeunes les plus fragiles qui vont être victimes du désengagement financier du Conseil Général.

Pour faire une économie d’environ 235 000 € (0,09 % du budget du Conseil Général), le Conseil Général va priver d’un lieu d’information et de conseil de proximité les nombreux publics scolaires des établissements publics et privés ainsi que leur famille, les apprentis, les jeunes décrocheurs, les personnes en situation de handicap, les adultes en insertion et en reconversion ainsi que les jeunes arrivants de l’étranger.

C’est bien un choix politique de classe quand dans le même temps le Conseil Général dépense des sommes importantes pour des forums de l’orientation qui durent une journée par ci et par là.

Nous souhaitons promouvoir un service quotidien plutôt que des effets d’annonces.

Que pensez-vous de la bourse au stage mise en place par le Département pour les collégiens de 3ème ?

Il s’agit d’une bonne initiative qui peut palier les manques des réseaux familiaux qui dès lors pénalisent trop souvent les jeunes des milieux populaires.

Cette Bourse mérite d’être élargie à l’ensemble des Services publics situés sur le département et aux Services des collectivités territoriales. Il serait opportun que le Conseil Général donne lors d’un CDEN une étude sur la réalité de ces stages : nombre de stages réalisés par an, par branche professionnelle et par établissement.

Le lien collèges-entreprises doit être de la responsabilité de l’Education Nationale. Le travail effectué par les élèves dans le cadre de leur stage doit être mieux défini et validé par le collège. Le stage a un rôle pédagogique important, il peut suciter une motivation de l’élève, mais il lui faut les moyens de trouver l’entreprise d’accueil qui convient à ses aspirations. Trop souvent l’élève trouve un stage par défaut, à moins qu’il ne bénéficie du réseau familial, encore le déterminisme social.

Santé, médecine scolaire, PMI

Il faut un plan pluriannuel de créations de postes de médecins scolaires. En lien avec les infirmières et les médecins scolaires, l’éducation à l’hygiène et à la santé devrait également être davantage abordée dans les collèges et développée au sein même des programmes.

Les professionnels de l’Education Nationale sont trop peu nombreux pour instaurer des programmes de prévention efficients. Les élèves ont besoin de professionnels référents non enseignants. Psychologues, infirmières, médecins sont présents en pointillé dans les établissements et ne peuvent mener des actions de fond, ils répondent à l’urgence.

Il existe trop peu de transversalités d’actions entre les acteurs médico-sociaux et le monde éducatif, par conséquent le CD doit jouer un rôle de catalyseur.

La circulaire n° 2003-027 du 17 Février 2003 rappelle que l’éducation à la sexualité contribue de manière spécifique à préparer l’élève à sa future vie d’adulte et développe la prévention à l’égard de l’autre. Quelles sont vos réflexions et vos propositions pour permettre l’application de cette circulaire sur l’éducation sexuelle des adolescents ?

L’éducation à la sexualité des adolescents doit être dispensée au collège (certaines familles ne l’abordant pas suffisamment). Elle devrait être du ressort de professeurs, d’infirmières ou de conseillers principaux d’éducation ayant suivi une formation spécifique et reconnue sur le sujet. 

Le Conseil départemental peut et doit mettre à la disposition des collèges ses outils de communication et ses professionnels des réseaux de santé pour faciliter l’information, sensibiliser les jeunes et leurs parents, renforcer l’information en direction des familles.

De même que pour la réponse précédente, les moyens mis à disposition pour l’éducation à la sexualité et la prévention pourraient être différents, hors du champ de l’enseignement classique, par des activités plus ludiques et plus participatives de la part des élèves.

Transports scolaires

Nous réclamons la gratuité des transports scolaires pour les collégiens et lycéens. Leurs coût doit être pris en charge par le conseil général et le conseil régional. Une réorganisation des lignes et des horaires est indispensable pour répondre au plus près aux besoins des collégiens.

4- L’entretien et l’équipement des collèges

Le déploiement du plan numérique : Seriez-vous favorable à un grand débat avec les enseignants et les usagers des collèges,  afin d’appréhender, puis de traiter et de maitriser le rôle et l’utilisation de ces nouveaux outils ?

Oui, nous sommes favorables à la tenue de ce débat car ce plan numérique est pernicieux. Il permet notamment à la collectivité territoriale de s’immiscer de plus en plus dans le champ pédagogique, ce qui ne relève pas de ces attributions. Aujourd’hui, de nombreux collèges choisissent l’environnement de travail proposé par le Conseil Général pour la communication des notes, mais aussi du cahier de texte électronique. Sous couvert d’économies faites par l’EPLE qui n’auraient plus à payer un contrat avec une officine privée qui fournit le logiciel, il oriente peu à peu le bon usage de ces outils, les bonnes pratiques que les enseignants doivent observer. Le Conseil Général intervient aussi de plus en plus dans les actions et interventions éducatives menées dans les collèges. C’est lui qui propose aux chefs d’établissements les différents partenaires qui pourraient intervenir dans le cadre d’une campagne de prévention ou d’information (violence, justice, orientation…).

Sans refuser ces équipements et incitations, et sans rejeter bien sûr les partenariats possibles et intéressants avec la collectivité territoriale, c’est le bon sens professionnel des équipes pédagogiques qui doit prévaloir.

L’hygiène des sanitaires : Quelles actions pourriez-vous proposer pour sensibiliser les jeunes à l’hygiène de leurs toilettes ?

Cette question est régulièrement abordée à l’échelle des établissements qui doivent être en mesure de mettre en place des actions de sensibilisation des élèves à l’hygiène. La solution de fermer les toilettes et de rendre l’accès non libre aux élèves est la pire solution qui est retenue par certains collèges. C’est une atteinte à la dignité des enfants et elle peut provoquer un problème de santé.

Quelles sont vos propositions pour remédier à cet état de fait ?

Le conseil général doit fournir les crédits d’entretien nécessaires. Pour l’entretien de l’établissement, y compris des toilettes, le conseil régional doit affecter le nombre de personnels nécessaire. Il est toutefois de la responsabilité de l’établissement scolaire d’assurer le nettoyage des toilettes de façon à ce qu’elles soient propres et utilisables.  Respecter les autres et le personnel fait partie de l’éducation.

5- Et votre participation?

A raison d’environ un conseil d’administration par trimestre et par collège, la prise en charge de 3 établissements par élu induit pour chacun des conseillers départementaux la participation à 9 réunions par an. Il est impératif que les conseillers départementaux remplissent la fonction pour laquelle ils seront élus prochainement ! Il est cependant nécessaire qu’une coordination soit mise en place avec les différentes administrations pour éviter que les CA des collèges se tiennent en même temps, et pour cela que les calendriers soient établis avec bien plus d’anticipation et enfin que les Conseillers départementaux ne soient pas appelés à assurer une représentation dans une foultitude d’instances.

 

Les candidats EELV/Front de Gauche pour le canton d’Ermont

Catherine Von Dahle

Sylvie Locher

Brice Errandonea

Marc Schweitzer

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