Documenter la répression associative

Sociologue, chargé de recherche au CNRS, Julien Talpin était récemment interviewé par « Alternatives économiques » sur la répression associative (entretien paru le 16 décembre 2023). Ses études montrent comment les atteintes aux libertés associatives se multiplient depuis les attentats de 2015, avec une accélération engendrée par la loi dite « séparatisme » de 2021. Ainsi, on comptabilise 150 dissolutions administratives, depuis l’instauration de la procédure en 1936. Mais 20% ont été prononcées les quatre dernières années. Le chercheur, membre de l’observatoire des libertés associatives, étudie aussi les coupes de subventions. Quand elles découlent d’une critique des institutions publiques, elles constituent une autre forme visible de répression associative, explique-t-il.

Pour caractériser les types d’associations les plus touchées, Julien Talpin a passé au crible 227 cas. Il en ressort que tous les secteurs sont concernés, même de petites structures sportives ou culturelles. Néanmoins, des associations sont plus ciblées que d’autres : associations musulmanes et antiracistes, de lutte contre les discriminations, de soutien aux exilés, environnementales prônant la désobéissance civile.

Quant au contrat d’engagement républicain, son effet n’est pas forcément frontal. « Il fonctionne comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus des associations ». Aujourd’hui, certaines s’autocensurent, renonçant à mener des actions qui relèvent de l’éducation populaire ou du travail social. Et le sociologue de déplorer : « des thèmes comme les discriminations, les violences policières, la laïcité, le racisme, ne sont plus abordés, de peur de déplaire à l’État ».

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