L’asso du mois : Dragulinu

L’association en quelques mots : Une conteuse et trois musiciens qui racontent à une, deux ou trois voix au gré des vents que leur soufflent les contes. C’est ainsi qu’ils se sont produits des centaines de fois, de l’Ile de France au Limousin,

en passant par la Lorraine, la Corse, la Provence, le Val de Loire et le Nord. De petites en grandes écoles, de collèges en bibliothèques, de fêtes de villages en salons du livre, de théâtres en festivals… de la rue aux restaurants, des crèches aux hôpitaux, des jardins aux appartements…

La Compagnie vous invite au voyage, au fil de ses douze spectacles de contes en musique. Les créations de la Compagnie Dragulinu naissent tantôt des mots, tantôt des notes et des rythmes. Les décors, les lumières et les costumes concourent à donner corps aux mots et aux notes et à faire de chaque représentation un moment magique où l’imaginaire et le réel se rencontrent pour ouvrir la porte du merveilleux.

Entretien avec Ménéhould, colporteuse d’histoires du monde et Brice, musicien.

Les origines :

Ménéhould : J’ai eu 4 enfants. Quand ils ont grandi je voulais faire quelque chose. On m’a proposé de participer à des veillées de contes. J’avais cette formation sans jamais l’utiliser.  Une amie institutrice m’a demandé de venir dans sa classe, et de réciter des contes. Je suis venue dans l’école, puis dans d’autres écoles de la ville. Ça s’est passé comme ça. Et ça se fait encore comme ça !
Ça c’était en 2000.
Puis, une école maternelle m’a demandé de travailler sur les dinosaures et les ogres. Mais il n’y avait pas de contes qui m’intéressaient. J’ai pensé aux dragons. En écrivant l’histoire, j’entendais de la musique. Brice, qui était mon prof de guitare, sachant qu’il joue aussi du tuba, je lui ai demandé de m’accompagner.
Maintenant, on travaille ensemble. Notre 1er conte en musique était en Février 2002. Très vite, un ami qui joue de l’accordéon et de la clarinette nous a rejoints. On a décidé de créer une association, qui est devenue la compagnie Dragulinu.
Pourquoi Dragulinu : dans cette histoire que je venais d’écrire, il y a un petit dragon. Je passe beaucoup de temps en Corse, j’avais souvent entendu dans les conversations, dans les histoires, dans les chansons, le mot « dragulinu ». J’ai toujours cru que ça voulait dire « petit dragon ». Donc le dragon dans l’histoire je l’ai appelé Dragulinu. Puis quelques mois plus tard je suis allée en Corse et j’ai demandé si en fait « Dragulinu » voulait bien dire « petit  dragon » et gros éclats de rire : pas du tout, ça veut dire « colporteur ». Comme on cherchait un nom pour notre association, ça correspondait bien à ce qu’on fait. Voilà pourquoi on s’appelle « compagnie Dragulinu ».

Brice : le musicien qui était à l’origine de la compagnie a arrêté depuis un petit moment. Par contre, il y en a eu d’autres qui, entre temps, ont joué dans la compagnie mais qui ne sont pas tous restés. Aujourd’hui, on est 3 musiciens, des fois on est à 2 sur un spectacle, mais souvent il n’y en a qu’un seul. Souvent c’est moi. Méhénould est aussi parfois amenée à conter seule.

 

Organisation :

Ménéhould : A l’heure actuelle, il y a 45 adhérents. Qui sont là pour nous soutenir, qui nous accompagnent, qui nous aident dans le financement du matériel…
Il y a des gens de notre entourage, mais il y a aussi des gens qui sont venus à un spectacle et qui ont bien aimé. Et d’un petit peu partout parce qu’une d’abord on a de la famille et des amis d’un petit peu partout et puis parce qu’on a également conté un peu partout.
Dans ce groupe de personnes, il y a des bénévoles, des salariés, et puis des gens qui sont intermittents comme Brice, moi et Damien.
La construction des spectacles se passe plus entre nous, musiciens et conteuses. Quand le choix des textes et de la musique est fait, on propose.
On est en complètement en autofinancement, on n’a jamais eu de subventions. Mais on arrive à clôturer notre budget chaque année, un peu ric et rac mais on y arrive. On achète même régulièrement du matériel, des décors…

 

Les activités :

Pour trouver des dates, le bouche à oreille fonctionne bien. Et le fait qu’il y ait un site Internet depuis à peu près 3 ans. Les gens qui me contactent pour des dates ont souvent été sur le site avant. On a fait très peu de démarchages. Nous avons envoyé beaucoup de plaquettes pendant un moment. Puis on n’a plus eu le temps, peut-être aussi plus d’argent. On a eu la chance de participer au festival où on fait 4-5 spectacles chaque année.
Cette année, il y a 6 demandes auxquelles on n’a pas pu répondre, car c’est la période chargée.

On joue dans des lieux assez diverses finalement : les écoles maternelles, primaires, les bibliothèques, festivals, dans une roulottes, dans des cafés, dans un centre social, dans des villages, au marché de Noël…
Du coup, on propose des choses différentes, avec plus ou moins de décor…
Maintenant on fait partie d’un réseau dans le Val d’Oise.
Une activité particulière de Dragulinu : on participe à l’accompagnement au deuil.
Nous vendons des CD à la fin des spectacles, de bouche à oreille.

Le nouveau spectacle :

C’est un spectacle uniquement pour adultes et grands adolescents.
Chaque fois qu’on va amener un nouveau spectacle vers le public, on fait un conte en chantier. C’est-à-dire qu’on invite du monde à la maison, adultes et enfants à qui on livre notre spectacle et ensuite, ils nous font leurs retours. Donc il y a des choses qui changent.
Cette fois, comme cette création est complètement nouvelle, on s’est dit qu’il y aurait plusieurs chantiers. Là, c’est vraiment un choix de Ménéhould de partir sur autre chose. On a décidé de ne pas se donner de délais, pour avoir le temps vraiment de laisser mûrir le projet.
Voici le texte qui présentait le projet aux gens qui sont venus au conte en chantier :
Ca s’appelle « Sauvegeon(ne) »
« Deux vies, une femme un arbre,
Deux âmes que le cours de leur vie rapproche, sépare et fait se rencontrer.
Au-delà des mots, une reliance s’installe.
Une rencontre est possible.
Conte, poésie, magie se mêlent aux vérités de l’existence, découvertes émotions et sensations.
La musique dense, puissante donne vie à la matière et à l’âme de ces 2 corps.
Un conte qui oublie l’ordre des choses. »

On s’est dit : pourquoi ne pas écrire autour des arbres. On a loué un gîte, à la campagne, pas loin d’une forêt. Puis l’histoire nous est tombée dessus. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Et ça toujours été, depuis le début, la musique qui a inspiré les mots et les mots qui ont inspirés la musique. On a beaucoup travaillé ensemble et dans une même pièce, ce qui a nourri notre travail.

Brice : Musicalement, j’ai des approches complètement différentes selon les spectacles. Au départ, on a commencé par des contes pour les jeunes enfants. Je faisais donc beaucoup d’illustrations, bruitages…c’était assez simple. Selon les spectacles, je n’utilise pas les mêmes instruments.
Dans ce nouveau spectacle, c’est encore plus particulier. J’ai choisi d’utiliser que des cuivres. Je compose des morceaux que je passe en boucle et que je superpose. Sur ce nouveau spectacle, je suis seul musicien. Là, il y a des influences jazz, contemporaines…Dans ce spectacle, je me suis fait plaisir.

Ménéhould : Ce spectacle a été commencé il y a presque deux ans et demi. J’ai mis énormément de temps à l’écrire. Du coup, il y a énormément de choses qui ont changé. C’est magique de se donner du temps.
On a eu envie de mêler danse, gestuel, peut-être qu’une peintre apparaîtra et qu’on projettera ses peintures pendant le spectacle.

La Résidence Encancourt :

En Octobre 2009, Emma, de la ferme, cherchait à organiser un spectacle de conte pendant leurs soirées d’automne. On a été mis en contact. On est venue conter le soir. J’ai tout de suite vue le lieu. On a eu envie d’y venir en résidence. Ils ont ainsi accordé une résidence de 6 mois, qui a été prolongée de 6 mois encore. Et ils viennent de nous demander si on voulait bien rester encore 6 mois. On vient 1 semaine par mois. En échange on fait un spectacle gratuit pour les familles puis des ateliers réservés aux adhérents de la ferme. On a pu faire notre conte en chantier ici. On est superbement accueilli.
On a eu également d’autres résidences pour ce spectacle.

 

Le mot de la fin :

– Je suis toujours complètement émerveillée par la magie des contes, de voir comme les gens peuvent se laisser emporter dans des histoires et de voir jusqu’où ça peut aller.
Ce sont les adultes qui me touchent le plus. Quand ils viennent me voir à la fin du spectacle et me disent qu’ils ont retrouvé leur âme d’enfant, qu’ils on tout oublié » pendant 1h…Je trouve ça bien.
Et puis les yeux, ce que je peux sentir ce que vivent les enfants et les adultes.  J’aime beaucoup être très près des gens et pouvoir aller les chercher avec le regard. On sent tout de suite les gens qui ont des émotions.
-Petit truc rigolo : ma couleur de cheveux (violet) surprend les enfants et s’extasient : « Ménéhould, elle a les cheveux rouges ». Une petite fille m’a dit un jour : « tu as des cheveux comme ceux des princesses ».
Dans les cafés, on est vraiment au milieu des gens, on va leur parler, il y a quelque chose qui se passe.
-L’image de la compagnie, c’est qu’on fait vraiment beaucoup de choses différentes. On va dans plein d’endroits, nos spectacles sont prévus pour 1h mais on peut les faire pour 30min, dans une grande salle, dans des cafés… on s’adapte très bien.
-J’ai conté souvent dans les IME, dans les hôpitaux. Et là, c’est fabuleux de la raconter des histoires.  Je suis un peu triste qu’on ne puisse pas aller plus souvent dans ces endroits, par manque de moyens. On se réserve des moments pour y aller mais bénévolement.

 

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