© École et Famille

À l’heure où un questionnaire sur les attentes des associations affiliées à la Ligue de l’enseignement a été diffusé au niveau national, nous vous proposons un zoom sur trois associations affiliées à notre fédération 95. À Orgemont, les enfants peuvent suivre des cours d’arabe, d’espagnol, de français, de maths, d’anglais, tous les mercredis et samedis, dans leur maison de quartier, grâce à « Ikra Lis ». Cette petite association d’Argenteuil, créée en 2014, est affiliée à la Ligue 95. Et comme cette dernière, elle se réclame de l’éducation populaire pour tous ses programmes qui concourent à l’émancipation individuelle et collective des adhérents. L’encouragement à la lecture s’affiche dans le nom même de cette structure de quartier, ikra signifiant lire en arabe. Après avoir mis de côté son activité de professeur d’anglais pour élever ses quatre filles, Asma Bouchaara a voulu encadrer le soutien scolaire qu’elle menait avec d’autres bénévoles, en créant l’association. Une convention a été signée avec la mairie. Elle peut compter aujourd’hui sur 17 personnes donnant de leur temps à titre gracieux, étudiants, enseignants et autres professionnels.

« Ikra Lis » sort aussi des murs, puisque de nombreuses sorties culturelles sont proposées aux 150 adhérents, même en dehors de l’Île-de-France. Tous les deux ans, un voyage est organisé pour les familles, comme à Barcelone ou Istanbul. Pour toutes ces actions, Asma Bouchaara bataille avec les institutions susceptibles d’apporter des financements, avec plus ou moins de difficultés. Et comme toutes les associations, le Covid a mis à mal la dynamique engagée. En période de vaches maigres budgétaire, il faut d’autant plus de courage aux acteurs des quartiers populaires, pourtant si indispensables à la vie en société.

L’enfant dans la cité

« École et Famille » a fait son chemin depuis l’ouverture en 1999 à Saint-Ouen-l’Aumône. Il s’est d’abord agi de thérapie familiale et de soutien à la parentalité, en partant des difficultés identifiées sur le territoire. Les pôles d’activité se sont donc structurés en fonction des besoins de proximité, autour de la famille et des réseaux de socialisation allant jusqu’à la ville, en passant par l’école. L’important partenariat de l’association avec l’Éducation nationale fait d’ailleurs l’objet d’une convention-cadre, incluant les services ministériels chargés de la cohésion des territoires, des solidarités, de l’hébergement et de l’accès au logement.

En matière de thérapie familiale, trois permanents sont épaulés par un collectif d’intervenants (médecins, psychiatres…), pour soutenir une centaine de familles. Le pôle parents-relais illustre aussi le rôle de passeur de cette équipe associative. En formation permanente, et avec leur savoir d’usage, une dizaine de parents bénévoles accompagnent d’autres parents, dans leurs rendez-vous avec des professionnels tant à l’échelle de Cergy-Pontoise, que du département.

La forte présence de communautés roms constitue une spécificité locale historique à l’origine d’une mission d’accompagnement à la scolarisation durable des enfants vivant dans un logement précaire (160 sont suivis à l’association). Le pôle projets et formations soutient les professionnels de l’éducation, favorise l’articulation avec les familles et les divers intervenants, dans une approche systémique.

Malgré la modestie de son équipe de neufs salariés, « École et Famille » se démultiplie et essaime grâce à sa méthodologie de projets. Le travail local nourrit les études et recherches faisant également de « École et Famille » un centre de ressources national, sur la base d’expériences de terrain devenues actions reproductibles et expertises.

Libertés, égalité, sexualités

On attend depuis longtemps la réouverture des locaux du Planning familial à Cergy. Il ne manque plus aujourd’hui que l’agrément ERP, établissement recevant du public, autorisation conditionnée à un certain nombre de travaux qui devraient être réalisés cet été. En attendant, salariés et bénévoles s’activent dans ce pied d’immeuble de la Tour bleue à Cergy. Aux deux postes de conseillère conjugale et familiale est venu s’ajouter un poste d’animateur prévention. Ils assurent des interventions de prévention, en milieu scolaire pour la plupart, mais aussi dans des structures d’accueil de personnes handicapées. Avec la cité éducative d’Argenteuil, la collaboration a été initiée dès le lancement de ce programme. Avec la cité éducative de Garges-lès-Gonesse, le Planning est engagé dans un parcours de formation contre la prostitution des mineurs. L’objectif est que « les professionnels de terrain puissent a minima être des relais », explique la coprésidente Eva Allouche qui se réjouit de la collaboration avec le Nid et l’ACPE (« Agir contre la prostitution des enfants »).

Ne pouvant pour l’instant pas accueillir de public, l’équipe multiplie les initiatives pour informer ici ou là sur les thématiques autour de la sexualité. « Écoute, information, orientation, sont au cœur de notre action » commente la présidente, fière du bilan des premiers pas de l’association départementale. Plus de 1000 élèves ont bénéficié d’une information, réalisée, entre autres, au titre des directives nationales Vars – vie affective, relationnelle et sexuelle (loi de 2001, actualisée par une circulaire de novembre 2018).