L’éducation populaire contre la violence

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L’équilibre instable éducation /prévention / répression est à chaque fois bousculé dès que surviennent de nouveaux faits divers particulièrement odieux. C’est le cas aujourd’hui, avec plusieurs affrontements mortels entre adolescents. Le dernier événement s’est déroulé à Argenteuil, le 8 mars, avec le meurtre de la jeune Alisha, élève de 3e en lycée pro.
Ces actes extrêmes de délinquance juvénile déclenchent systématiquement la même indignation morale des politiques et des médias, la même réponse répressive de l’État. Mais on ne règle pas un problème social, aussi grave soit-il, avec l’augmentation des moyens policiers et le durcissement des peines. Cet arsenal de mesures, en plus d’être inefficace, coûte cher.
Sait-on qu’un centre éducatif fermé (CEF) nécessite près de 30 salariés pour encadrer une dizaine d’adolescents placés là par la Justice ? Dans le Val-d’Oise, des rapports très critiques ont été publiés sur le fonctionnement du CEF de Saint-Brice. Malgré le découragement des éducateurs en mission impossible dans ce type d’institution, l’État a budgété l’ouverture de 20 nouveaux centres en France, pour atteindre un total de plus de 70 structures. Pendant ce temps-là, le nombre d’éducateurs de rue diminue, les lieux de vie pour accueillir les jeunes des quartiers populaires ferment, l’Éducation nationale est affaiblie et le tissu associatif est fragilisé à l’extrême.

 

Le rôle des associations

La Ligue 95 est impliquée dans de nombreux programmes et actions d’éducation et de prévention : formation à la citoyenneté, ateliers relais, junior associations, interventions périscolaires sur les thèmes de l’égalité femme/homme, service civique… Elle doit se battre pour que les crédits correspondants soient maintenus, sur le long terme, seule échelle efficace dans ce domaine. En effet, remédier aux difficultés scolaires, sociales, familiales des jeunes demande temps, compétence, expérience, mobilisation d’un ensemble d’acteurs, navrés que leurs moyens diminuent au bénéfice du répressif.
C’est le sens de la tribune publiée sur France Info le 10 mars par des éducateurs spécialisés, des parents d’élèves, des chercheurs, des juges pour enfants, des élus locaux et des formateurs et représentants du monde associatif comme ceux de la Ligue.
« Nous tenons à rappeler que l’on parle d’enfants et de jeunes adultes pour qui notre société a un devoir d’éducation et de protection. Ces jeunes ont avant tout besoin d’être écoutés, valorisés, accompagnés, de percevoir qu’un avenir est possible pour eux dans la société, et ceci grâce à un étayage par des adultes rassurants et repérés. »

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