SNU : « En avoir pour mes impôts »

Voulu par le Président de la République, le service national universel, SNU, suscite de vifs débats sur sa généralisation à toute la classe d’âge 15-17 ans. À l’heure où le Gouvernement joue la transparence budgétaire avec « En avoir pour mes impôts », on ne trouve pas trace du coût du dispositif sur ce site. Les deux semaines du séjour de cohésion, première brique de l’édifice, effectuées hors de sa région d’origine, sont budgétées à 2187,50 €. Multipliée par 800 000, la somme atteint déjà 1,75 milliard. Ce n’est pas tout !

S’il était généralisé, un très gros problème d’hébergement se poserait, la France ne disposant plus des ressources des casernes. Les internats de lycée et les centres de vacances ne suffiraient pas non plus. Il faudrait alors investir sur plusieurs années pour construire ou réhabiliter des lieux d’accueil. Les ressources humaines seraient elles aussi largement sous-dimensionnées, à l’heure même où l’on manque cruellement d’animateurs. De surcroît, en devenant obligatoire, l’encadrement des jeunes serait sûrement plus compliqué à assurer. À l’heure actuelle, les participants sont volontaires et, qui plus est, pour un tiers ont des parents appartenant aux corps en uniforme.

Un rapport sénatorial, paru en mars, donne une fourchette de 2,4 à 3,1 milliards pour la généralisation du SNU. Le rapporteur spécial écrit : « quand on examine les moyens qui devraient être alloués à ce SNU, on reste inquiets, voire pantois. En effet, les grands organisateurs de colonies de vacances ou de séjours destinés aux jeunes sont actuellement en grande difficulté, et de moins en moins d’enfants partent en colonie de vacances pour des raisons diverses. Par conséquent, il faudrait peut-être destiner ce séjour non pas à des élèves de seconde, mais à des élèves de CM2 ou 6e, afin de mener réellement des actions de mixité sociale et scolaire qui sont les objectifs du SNU ».

Les alternatives

Depuis le lancement du dispositif en 2019, les associations d’éducation populaire comme la Ligue de l’enseignement n’ont cessé de citer et proposer des alternatives :

  • une vraie éducation civique à l’école dès le primaire
  • un parcours citoyen intégré au cursus scolaire
  • le renforcement des classes de découverte et des colos
  • le service civique.

À la Ligue 95, toutes les formations dispensées aux jeunes intègrent les objectifs de sens collectif, de valeurs de solidarité, comme les formations de délégués d’élèves, les ateliers sur l’égalité filles/garçons, sur le racisme, les juniors associations, etc.

Indépendamment du coût très élevé du SNU, le choix de l’encadrement peut être questionné : le triptyque Armée, Éducation nationale, associations d’éducation populaire est très déséquilibré en défaveur de celles-ci. C’est pourquoi la Ligue 95 a renoncé à participer à l’organisation des séjours de cohésion dans le département, ne voulant pas être cantonnée à un rôle d’intendant sans objectifs éducatifs.

Le sens de l’engagement et de la solidarité ne se décrète pas. Il s’enseigne et se vit sur le temps long. Quinze jours encasernés ne suffisent pas…

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