Tiers-lieux des villes, tiers-lieux des champs

Le Gouvernement ne s’y est pas trompé, qui, par un appel à projets pour les développer, reconnait aux tiers-lieux un pouvoir créateur d’activités économiques, de relations sociales, d’animation territoriale. Dans le Val-d’Oise, de nombreuses initiatives sont en train d’émerger, tandis que certains pôles ont déjà de solides ancrages. Ils reflètent la diversité de cet engouement collaboratif : espaces de coworking, pour leur très grande majorité, mais aussi fablabs, ateliers partagés, terres de renouveau agricole etc.

Focus sur deux collectifs, l’un dans le Vexin, l’autre à Cergy-Pontoise. Le Moulin-de-Pont-Rû bénéficie d’un site à la fois naturel et historique au cœur du Vexin. Ce tiers-lieu « solidaire et rural » comme aime à le rappeler son directeur, Alan Caillaud, multiplie les programmes : séjours de rupture pour des jeunes en difficulté des quartiers populaires urbains (QPV), accompagnement de femmes victimes de violences, jardin pédagogique en permaculture, ou encore séminaires bien-être, etc.

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Les nombreux partenaires du Moulin illustrent les synergies à l’œuvre : Mission locale de Cergy-Pontoise, Région, Département, la Sauvegarde 95, les services de l’État et aussi la Ferme du mouton noir, les amis de Villarceaux, ainsi que des fondations. Aujourd’hui, l’association qui porte le Moulin-de-Pont-Rû est forte d’une équipe de 12 salariés, qui passera à 17 dès janvier prochain.

Au cœur des enjeux urbains

En pleine ville, la Workerie prend racine progressivement. C’est en 2016, que la Ligue 95 a décidé de reconvertir 600 m2 de son immeuble de Pontoise en espace de coworking. Aujourd’hui, une trentaine de tout nouveaux entrepreneurs fréquente la rue Berthelot, à rythme plus ou moins rapproché. Les métiers sont variés, qui vont du web design au secteur du cinéma, en passant par la traduction ou la mode.

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La crise sanitaire a accéléré l’accueil des télétravailleurs, en provenance du Val-d’Oise, mais aussi de Paris ou des Yvelines. La coopération entre ces innovateurs jusque-là isolés n’est pas formalisée. Mais l’équipe d’animation de la Workerie favorise les échanges de savoirs et de pratiques.

Le portage juridique de de ce tiers-lieu est double : la Ligue 95, propriétaire des locaux, assure la gestion matérielle et met à disposition un salarié animateur. L’association pour le développement de l’économie sociale et solidaire du Val-d’Oise (Adess95) garantit le respect des principes de l’ESS dans le développement des projets des usagers de cet espace.

Faire muter la Workerie en tiers-lieu, rayonnant sur toute l’agglomération, est l’ambition de la Ligue 95. Sa candidature à l’appel à manifestation d’intérêt « Fabriques des territoires », lancé par l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) vient malheureusement d’être rejetée. Le motif avancé : la Workerie ne rayonne pas assez sur son territoire. Mais c’était justement dans cet objectif que la structure demandait à l’État de l’aider…

Avec ou sans l’ANCT, l’entreprenante équipe de Pontoise entend bien étendre ses services, qui répondent au besoin de plus en plus important d’écoute, de lien social et d’accompagnement, notamment numérique, dans le travail, ici comme ailleurs.

 

 

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