Le commun, le public et le marchand

Ils font de plus en plus parler d’eux : les communs étaient le sujet du webinaire, (à visionner ici) organisé par la Ligue 95, dans le cadre de son cycle « les Chantiers de l’éducation populaire », le 30 mars dernier. Pour ce 7e débat, suivi très assidument par les participants, sont intervenus l’économiste Benjamin Coriat et quatre acteurs locaux. André Martin, président de l’Agleau, Patric Kruissel, président-fondateur de O’Watt citoyen, Claire-Marie Baron et Tristan de la Selle, du collectif Le Champ foulon, Sébastien Campos, directeur du Château éphémère ont présenté des initiatives convergentes avec la démarche des communs.

C’est l’universitaire, spécialiste du sujet, qui ouvrait la soirée en précisant qu’on peut parler de communs dès lors que trois critères sont réunis : des ressources (matérielles comme l’eau ou immatérielles comme les logiciels libres), une communauté d’usagers (locale ou mondiale !), une gouvernance. B. Coriat retraçait l’histoire, depuis les communs médiévaux (bois, pâturages…) jusqu’à aujourd’hui, avec l’avènement des communs numériques, la mobilisation pour l’eau ou les initiatives culturelles urbaines.

 

La participation citoyenne

L’association Agleau, après une dizaine d’années de mobilisation, peut s’enorgueillir de beaux succès. La distribution et l’assainissement de l’eau de Cergy-Pontoise ont été retirées au mastodonte Véolia et sont désormais confiés au syndicat intercommunal SIARP. De plus, l’entreprise a dû reverser un trop perçu de 2,4 millions à la communauté d’agglomération. La SCIC O’Watt citoyen, société coopérative d’intérêt collectif, mène plusieurs projets d’installation de panneaux solaires, d’abord sur les toits de bâtiments publics. Objectif : offrir aux citoyens une alternative aux énergies fossiles. Lien vers article de la NL déjà paru.

La forme SCIC, fréquemment adoptée par les porteurs de projets, est une institutionnalisation que B. Coriat appelle de ses vœux pour constituer un commun.

Le collectif du Champ foulon peut lui aussi se réjouir que sa mobilisation pour la création d’un habitat partagé à st Cyr-en-Arthies débouche bientôt sur le 1er coup de pioche, voir l’article lien vers article sur l’éco-hameau. B. Coriat manifeste son intérêt pour ce projet poussé très loin, avec une structure commune s’appuyant sur les compétences variées des membres du collectif. Enfin, l’association du Château éphémère, à Carrières-sous-Poissy, expliquait comment un projet porté au départ par les pouvoirs publics, débouche aujourd’hui sur une appropriation par les usagers et les habitants.

La présentation de ce créatif et dynamique tiers-lieu culturel amenait B. Coriat à exprimer son souci sur les tiers-lieux, largement promus par l’État, à travers France tiers-lieux. Il y a le risque qu’ils ne constituent « les services publics du pauvre ».

 

Le début d’un nouveau modèle

L’économiste constatait, à l’appui de ses travaux et des exemples de la soirée : « nous sommes au début de quelque chose de trop important pour que les autorités ne finissent pas par comprendre. Il ne faut pas les lâcher ». Confortant cette remarque, Éric Forti, secrétaire général de la Ligue 95, relevait que cette forme d’économie, cadrée par une lucrativité limitée, portée par la société civile, doit interpeller les pouvoirs publics.

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